Qui était Kumba Yala ?

4 mai 2014

Qui était Kumba Yala ?

Décédé le 4 avril derniers, l’ancien président Bissau Guinéenne, Kumba Yala a été inhumé le vendredi 25 avril 2014 à Bissau.

La tristesse et la compassion se lisaient sur tous les visages. Amis, Parents, militants de son parti, le PRS, adversaires politiques, bref tout le monde tenait à rendre un dernier hommage à cet homme qui a marqué l’histoire politique de la Guinée Bissau ces vingt dernières années.

Des milliers de personnes rendent hommage à Kumba Yala - crédit photo Abdoulaye Barry
Des milliers de personnes rendent hommage à Kumba Yala – crédit photo Abdoulaye Barry

J’ai entendu parler de Kumba Yala pour la première fois en mai 2001 à Conakry lors de sa première visite officielle à l’étranger en tant que président de son pays qu’il avait réservé à ses voisins de l’autre Guinée. À l’époque, l’adolescent que j’étais ne connaissais rien de la politique ou de la personnalité des Chefs d’États. Je me moquais de ce président qui portait un prénom de femme, puisque chez nous le nom « Kumba » est exclusivement réservé aux femmes. Aujourd’hui avec le recul, je prends la mesure de l’homme et la stature qu’il avait dans son pays. Mais au fait, qui était Kumba Yala ?

Kumba Yala - crédit photo RFI / Marie-Laure Josselin
Kumba Yala – crédit photo RFI / Marie-Laure Josselin

Homme politique au parcours controversé, Koumba Yala est né le 15 mars 1953 à Boula dans la région de Cacheu au nord du pays. Diplômé de la Faculté de Droit de Bissau et de l’Université Catholique de Lisbonne, il est aussi polyglotte, parlant au moins quatre (4) langues internationales : portugais, français, espagnol et anglais.

Très jeune, il s’engage dans le combat politique au sein du grand parti qui a conduit le pays à l’indépendance, le PAIGC (Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap Vert) avant de fonder sa propre formation politique en 1992, le parti de la Rénovation Sociale (PRS) devenu depuis, la seconde force politique du pays après le PAIGC.

Après une élection perdue face à l’ancien président Nino Vieira en 1994 lors des premières élections pluralistes que connu le pays, Kumba Yala accède finalement à la présidence après un second tour disputé face à Malam Bacai Sanha en janvier 2000. Il ne finira pas son mandat. Trois ans après son investiture il est renversé par l’armée qui profite de son mauvais bilan économique pour reprendre le pouvoir.

En 2012, Kumba Yala revient au-devant de la scène à l’occasion des élections présidentielles. Il arrive deuxième au premier tour avec 23,36 % des voix contre 48,97 % à l’ancien premier ministre et candidat du PAIGC Carlos Gomes Junior. Le deuxième tour n’aura pas lieu, car le processus est de nouveau interrompu par un coup d’État qui pousse Carlos Gomes Junior à s’exiler au Portugal et le pouvoir est confié à un gouvernement de transition, chargé d’organiser de nouvelles élections.

Pressenti pour être le candidat de son parti, le PRS, aux élections présidentielles de 2014, Kumba Yala décide finalement de se retirer de la vie politique active tout en soutenant contre l’avis de son parti, un candidat indépendant Nuno Gomes Na Biam.

Issu de l’ethnie Balante, Kumba Yala est resté très attaché à la tradition en porta toujours un bonnet rouge qui est un symbole identitaire très fort chez ces Bretons noirs (les balantes). Ce qui l’avait value d’ailleurs le surnom de « l’homme au bonnet rouge ».

Balantes arborant de bonnets traditionnels aux obsèques de Kumba Yala – crédit photo Abdoulaye Barry
Balantes arborant de bonnets traditionnels lors des obsèques de Kumba – crédit photo Abdoulaye Barry

Sa disparition laisse un grand vide dans le paysage politique bissau-guinéen. Amis et adversaires lui reconnaissent son dynamisme et sa pugnacité, même s’ils n’ont pas toujours partagé ces choix et ses points de vue. Car au vu de l’histoire de ce pays, jalonnée d’assassinats politiques et de coups d’État, faire de la politique c’est braver la mort, la peur, l’inconnu.

Cercueil de Kumba Yala transporté sur un véhicule de l’armée – crédit photo Abdoulaye Barry
Cercueil de Kumba Yala transporté sur un véhicule de l’armée – crédit photo Abdoulaye Barry

Kumba Yala repose désormais dans la Fortaleza (Forteresse) de Amura, camp militaire datant de l’époque coloniale, qui abrite l’État-major de l’armée bissau-guinéenne, où sont notamment enterrés Amilcar Cabral, père de la nation et Malam Bacai Sanha ancien président du pays, mort en janvier 2012.

« La vie est comme un incendie. Flammes que le passant oublie, cendres que le vent disperse : un homme a vécu » .Omar Khayyâm.

 

 

 

 

 

Partagez

Commentaires